Une journée bien remplie par Lawrence Cuvelier
Ce lundi, nous avons été un peu bousculés lors de notre petit déjeuner, Lydie du CGAT nous a dit que le secrétaire général nous attendait. Nous nous sommes précipités au ministère, bousculant notre horaire pour présenter notre projet. Nous avons dû attendre de longues minutes dans une antichambre où se trouvaient différents personnages dont certains finissaient leur nuit. Des entrées et sorties, des conciliabules avec des personnages importants et enfin l’introduction chez le secrétaire. Différentes personnes profitent de notre introduction par le fameux Anatole pour rappeler l’importance de leurs projets, en l’occurrence un projet basé sur la solidarité plutôt qu’un système assurantiel versus un système basé sur la solidarité.[1]. Manifestement, notre venue était importante, surtout pour ne pas froisser les autorités.
Nous nous sommes rendus ensuite à l’école Aurore, dont la mère de Luc est directrice. L’école fonctionne selon des modalités privées avec un minerval, et présente un aspect avenant. Elle témoigne aussi de l’absence d’une structure étatique crédible dans le domaine de l’enseignement. Dans une classe d’école primaire, l’apprentissage de la lecture passait par le mot roi et les photos de classe se prennent souvent au pied de la statue de Léopold II qui trône fièrement dans le quartier, contrairement à ce qui m’avait été dit.
Après un bon déjeuner dans un restaurant nommé » la pâtisserie », nous avons rencontré la responsable du centre Lola Bonobo, Claudine André, que nous avons vivement félicité pour la qualité de son centre. Elle nous a expliqué qu’elle avait aussi des projets de collaboration en forêt équatoriale, surtout pour des opérations de cataracte pour les bonobos. Après quoi, nous nous sommes rendus au CGAT, centre de gestion du risque et d’appui technique, un grand bâtiment contenant diverses organisations, lutte contre le VIH, le paludisme. La priorité a été la lutte contre les infections, surtout virale et bactérienne. Manifestement, les maladies chroniques seront le prochain enjeu sanitaire. A chaque endroit où nous nous rendons, il faut suivre une sorte de séance protocolaire, où après un certain temps d’attente, chacun se présente et décline sa fonction. La réunion se résuma pratiquement à cette dite présentation car nous devions nous rendre aux centres de santé de Masina qui fermait à 15 heures.
La commune Masina est une municipalité défavorisée de Kinshasa, relativement loin du centre. Pour se rendre au centre, il faut débarquer de la voiture et passer par des routes envahies d’eau noirâtre, des senteurs violentes de poissons séchés aux couleurs sombres. L’arrivée au premier centre se passait avec l’appréhension de ne pas choir dans ce cloaque.
Nous fûmes bien reçus au centre Ntombwa Maria, tenue par les oblates de l’assomption. Les membres de ce centre étaient heureux de nous retrouver, de demander des nouvelles des absents. Nous avons discuté des perspectives, et surtout de la gestion des problèmes, maladie chronique et santé mentale. Nous étions dans une salle sans lumière, ni ventilateur, et il faisait particulièrement chaud où seule la religieuse ne transpirait pas. Au second centre, Esperodi , nettement plus spacieux , l’accueil fut aussi chaleureux. Avant d’entrer, Geneviève fut happée par une petite fille qui ne voulait plus lâcher sa main ? Ses compétences comme Maman Bonobo ne sont plus à démontrer. Parmi les phrases retenues, c’est bien que vous reveniez, ce qui sous entendait, nous voyons beaucoup de groupe, s’ils reviennent, c’est qu’ils sont sérieux, c’est bien que vous veniez en saison des pluies, pour que vous voyez comment c’est quand les conditions sont pénibles (chaleur et humidité). Finalement, c’est la même chose quand on fournit une aide à un groupe défavorisé, il suffit de vaincre la méfiance initiale, qui est basé sur une habitude d’avoir des propositions d’aide qui ne se concrétisent jamais. La durée est le meilleur juge pour estimer du sérieux.
Nous avons ensuite rencontré un représentant de l’ordre des médecins qui est venu chez nous à l’appartement. Au début, je crois que nous nous demandions chacun, pourquoi nous étions mis en présence. Il a fallu que nous mettions en avant notre projet, son aspect social d’accès au soin de santé par un projet point à point venu de la base pour que les sourires se dessinent. Manifestement, le stratégie d’Anatole est de lever les obstacles. Je dois mettre en avant mes qualités au niveau de la santé publique pour que mes interlocuteurs se sentent respectés.
[1] Appuyé par les mutualités belges